vendredi 20 mars 2009

Le grand départ…

Jour 60 – 14 Mars

Depuis déjà quelques jours nous sommes en mode départ mais nous avions prévu ramasser nos affaires en une seule grande opération : ce matin. Cependant, la tristesse de quitter notre maison et Cahuita est omniprésente et rend les tâches, déjà peu attirantes, difficiles à accomplir. Tout était chargé d’émotions. Il faisait très chaud et les enfants ressentaient cet étrange état d’esprit et conséquemment demandaient beaucoup d’attention. Consciemment ou inconsciemment, on n’arrivait pas à partir. Le chargement de l’auto n’a pas été si compliqué; il y avait tellement peu d’espace que ce fut bien vite réglé. On a quand même du laisser un gros sac de nos affaires en storage chez Ruth; nous le récupérerons au retour! Il est difficile de raconter à quel point l’espace de cargo du Dahaitsu Terrios est restreint. Nos valises ne rentraient même pas dans un axe horizontal ou vertical, il a fallut les insérer en biais! Précaire et bancal sont les mots qui résume le tout… Charles a quand même réussi à faufiler un régime de banane entre un sac et une valise… On vous laisse aussi juger du niveau de sécurité de l’organisation des enfants sur la banquette arrière… Mais on va se permettre d’ajouter que même en avant, les banquettes étaient inconfortables et mal chiées; beau voyage en perspective! Nous avions prévu quitter tôt et manger en route, autour de Limon, mais on s’est plutôt résigné à se faire un énorme buffet avec tous nos restants, avant de les jeter. Finalement, vers 14h00, on a fini par s’arracher de la maison sans trop hurler notre peine, mais seulement pour aller se lancer dans le village même de Cahuita. Charles avait fait du sucre à la crème pour Ruth et René, et il fallait passer laisser celui de notre bon ami René. Malheureusement ou heureusement, il n’était pas là et c’est en contenant difficilement ses larmes que Charles lui griffonna une note pour laisser avec le sucre à la crème. En quittant le village par le chemin le plus long, les yeux plein d’eau, nous nous sommes engagés sur la grande route et notre tristesse était bien palpable. Nous avons mis du temps à pouvoir dire un mot. On s’est pris la main, comme pour se promettre en silence qu’un jour, on reviendrait. Depuis deux mois, Jules a tellement répété : « je ne veux pas partir, on est trop bien ici! ». Juste d’y penser on voudrait encore faire demi-tour. Ce fut un séjour inoubliable et plus que parfait. Bien sur on a découvert la pura vida, approfondi le farniente et tout le reste. Bien sur la maison était de rêves. Bien sûr les arbres fruitiers et les jus frais à volonté (nous avons même regardé pousser un ananas). Bien sûr les meilleures bananes de l’histoire de l’humanité. Mais surtout une atmosphère indescriptible, une chaleur humaine diffusée de différente façon par différents types de personne. Un sentiment d’être presque devenu des locaux ou du moins la conviction que ce ne serait vraiment pas difficile de le devenir. Rendu aux portes de Limon, on a fini par sortir des vaps et enfin pu se concentrer sur l’achat d’un clipper à cheveux, pour Charles et les gars qui ont l’air des frères Hansen en blond. On s’est donc retapé le Santa Clara, pour la troisième fois… On a ensuite essayé d’établir des règles de fonctionnement pour les enfants dans l’auto, mais rétrospectivement on peut vous affirmer que ce fut un échec total! Puis on a repris la route avec un sentiment de sortir de notre cachette après deux mois. À force de voir défiler les bananeraies (et oui les bananes ça pousse dans des sacs bleus !) les paysages encore inconnus, on a presque fini par oublier notre arrachement. Jusqu’à ce que notre valeureux nino blanco (Colin) nous vomisse la banane mangée devant le Santa Clara. Le pauvre est devenu tout blanc et on a du arrêter pour les dégommer un peu lui et Jules. Les routes entre Guapiles et Turrialba et entre cette-dernière et Paraiso (notre destination pour la soirée) sont des enchaînements de côtes ascendantes et descendantes qui tournent dans tout les sens en même temps… C’est un peu comme une grosse montagne russe à bord d’un gyroscope. Pendant trois heures, nous n’avons pas vu un seul plan droit en croisant un autre; toujours des pentes, des courbes, etc… Évidemment, notre Colin nous a offert une deuxième tournée de banane. Plus en force cette fois : lui et Jules étaient couverts. Nouvelle pause dégommage sous la pluie aux abords de Turrialba, dans la cours d’une maison. Puis on a repris la route dans un épais brouillard et une pluie fine, mais surtout dans un flot impressionnant de voiture. Nous avons mis presque trois heures à parcourir la soixantaine de kilomètres qui séparent les deux villes en ne roulant jamais à plus de 50 km/h. En arrivant à Paraiso, on a fait un arrêt pour acheter de la bière, histoire de pouvoir décanter le tout et ventiler cette journée chargée en émotions. En ressortant du dépanneur, Charles a reculé dans la voiture stationnée derrière la nôtre. Après de brèves négociations avec le monsieur qui était quand même gentil et dont le véhicule avait deux légères égratignures au pare-choc, Charles a dilapidé vingt milles colones de la fortune familiale pour acheter la paix. À ce moment-là, la paix n’avait plus de prix. La bière qui n’était même pas de l’imperial, en cannettes de surcroît, a fini par nous coûter 4000 colones/pièce (10 dollars canadiens). Bref, c’est comme si on avait acheté six bières au centre Bell ou au stade Molson, mais à Paraiso sans match de quoi que ce soit. Et oui, on a encouragé le commerce local! Nous sommes donc débarqués à l’hôtel Sanchiri, exténués et congelés. Nous avions quitté Cahuita dans une température avoisinant les 35 degrés Celsius avec un taux d’humidité de, mettons généreusement, 80% pour arriver ici, la nuit à presque 10 degrés. Après avoir découvert notre « chambre » qui était en fait une maison phare du style shack-en-bois-fini-années-70, avec des chambres style dortoir (les enfants n’arrivaient pas à se choisir un lit tellement il y en avait !) nous nous sommes échoués à la salle à manger, extérieure s’il-vous-plaît, pour se les geler et manger rien qui ne vaille vraiment la peine de vous raconter. Puis on a regagné notre shack, couché les enfants et essayer de rire de la finition en bois dans tout les sens pour essayer de noyer notre peine et d’oublier notre paradis caribéen. On a fini par se coucher, après nos bières hors de prix, en gelant comme des crottes dans des couvertures qui sentait le vieux renfermé! Rien pour aider…

1 commentaire:

  1. Pauvres vous autres ! Quelle aventure ! Mais pas de quoi égaler notre voyage de retour San-Jose-Québec... Ne pleurez pas trop votre paradis perdu, il y en a un autre qui vous attend ! Et vous n'en êtes qu'à la moitié du voyage non !? à bientôt les zamis !

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