mercredi 4 mars 2009

Clinica dental !

Jour 48 – 2 Mars

Un autre lundi tranquille. Si nous vivions dans le tumulte nord-américain que nous connaissons tous et dans lequel nous acceptons d’évoluer quotidiennement, nous pourrions dire que le camion de verdura nous a mangé une demie journée. Mais comme nous sommes en Amérique centrale et que la pura vida prime sur toute autre forme d’organisation humaine, le camion est simplement passé plus tard! Ça nous a permis de faire autre chose, de passer le temps autrement. Charles a jasé, pour la première fois, avec Roman, le jardinier. Comme il passe plusieurs heures par jour derrière un taille-bordure bruyant, je lui ai donné une paire de bouchon pour les oreilles. Après lui avoir montré comment les mettre dans ses oreilles, je lui ai expliqué que c’était important de les porter s’il voulait entendre sa femme lui crier après quand il va être vieux. Je ne crois pas m’avancer trop loin en affirmant que je ne l’ai pas convaincu, parce que quand je suis reparti il les a placés dans sa poche! En outre, nous avons discuté du climat et de la végétation de nos pays de naissance. Il ne semblait pas pouvoir imaginer un pays sans banane ni plantain. Il n’a pas non plus paru trop sensible quand je lui ai dit que j’obtenais, les bonnes années, quatre fleurs de mon hibiscus. C’est probablement parce que lui taille la haie de dix pieds de haut sur trois de large de la même plante à coup de machette et de taille-bordure… Bref, outre la langue que nous ne partageons pas, nous avons constaté l’abîme qui sépare nos deux réalités. On s’est quand même souhaité pura vida à la fin de notre petit entretien. Puis, de la même façon que nous allons tous un peu pleurer quand la séquence de match consécutif de Brett Favre prendra fin, j’ai, délibérément, mis un terme à mon absence de fréquentation du dentiste. Comme j’avais le temps et que j’ai trouvé le cabinet de la dentiste à Cahuita, sous la bonne recommandation de René, je m’y suis pointé à 15h. J’y ai encore une fois constaté les différences fondamentales entre le Québec et le Costa Rica. Quand je lui ai dit que ça faisait neuf ans que je n’avais vu personne de sa race, elle a ri et m’a répondu dans un anglais approximatif « it’s OK! ». J’ai eu droit à la même remarque quand je lui ai dit que je fumais. La bonne docteure Karla Alvarado Montero n’a pas semblé plus tourmenté que Roman quand je lui expliqué que chez-nous j’aurais eu droit à un savon en règle de la part de l’hygiéniste ET du dentiste. La vie est juste plus simple ici! Je suis allé finir de m’en convaincre sur la terrasse de mon ami René, en attendant le souper, des arepas colombianos, confectionné devant chez lui. On n’a pas parlé beaucoup, mais juste assez pour comprendre qu’on partageait la chance de regarder passer la vie et les gens dans une rue empoussiérée. C’était comme les livres de Dany Lafferrière. Assis dans une chaise berçante, le sang épais, la bouche moite, les gens qui passent, la noirceur qui s’installe… Simplement pura vida.

1 commentaire:

  1. C'était très bien de "perdre" une demi-journée de mon temps en votre compagnie en attendant le camion de verdura !

    Marie-la-pas-chanceuse qui n'aura vu qu'un singe en tite boule pendant toute la durée de son séjour au Costa Rica et qui ramène au Québec un virus probablement chopé d'une "Talambôle" de votre jardin ! (je vous aime quand même !) J'espère que le soleil est revenu. C'est la pluie qui nous a accueilli à Québec, le soleil est au rv aujourd'hui mais très froid ! Je m'ennuie de la chaleur et de la vie du Costa Rica, les nuits sont bien silencieuses ici !

    à bientôt les amis ! Savourez la pura vida !

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