samedi 21 mars 2009

Premier jour hors de Cahuita

Jour 61 – 15 Mars

Pas de saut dans la piscine au lever, pas de singes hurleurs, pas de sentiment de pura vida, pas de farniente à l’horizon, que tristesse et regrets. On est quand même sorti du lit tôt pour aller au volcan Irazu de bonne heure et profiter du temps clair; le sommet s’ennuage habituellement vers 10h00. À la salle à manger de l’hôtel, toujours extérieure mais beaucoup plus agréable que la veille, la vallée d’Orosi, principalement agricole, se déroule devant nos yeux et sous nos pieds dans différents tons de vert et de bleu. On a pu goûter à notre premier déjeuner tico authentique : le gallo pinto. Comme dirait Jules : « ben c’est comme le rice and beans du dimanche mais pour déjeuner! ». C’est en fait une portion de fèves rouges mélangé dans un riz frit accompagné de ce qu’on veut : œufs, poisson, viande, fromage, crème sure. On y est allé mollo et on a opté pour les œufs. Définitivement pas grandiose. Les œufs brouillés en poudre étaient égaux à tous les œufs brouillés en poudre et le riz était un peu mou : déception. Ça nous a permis de partir plus vite et de constater que la journée d’auto ne serait pas plus facile que la veille! Trente kilomètres séparent la vallée d’Orosi et le sommet du volcan Irazu encore une fois en une série de côtes et de descentes abruptes et tournoyantes dans tous les sens! Les enfants en ont profité pour brûler le sucre de leur Frosted Flakes du matin et arrivé en haut, on se demandait plus comment on se rendrait au soir que sur le bord du cratère du volcan. Mais l’activité en valut le coup, et la marche dans le sable noir volcanique avait un petit quelque chose de Star Wars! Il y avait même un congrès de Jabba the hut américains qui défilait… On a vu le lac vert au fond du volcan et un animal vachement rigolo, un White-Nosed Coati. La couleur verte ceinturée de jaune du cratère principal (encore actif) est presque irréelle. C'est vraiment magnifique. Puis on est reparti avec l’intention de faire le plus de route possible vers Parrita avant d’arrêter dîner. Joel et Marie-France nous ont raconté avoir fait le trajet Cahuita – Orochal (plus au sud que Parrita) en quatre heures. Comme des épais on les a cru et on a même pensé qu’on dînerait une fois rendu! Maudits caves! Tout d’abord, pendant la descente du volcan, Colin a refait des siennes. Non, il a gardé son petit déjeuner pour lui, mais il nous a fait une crise d’anthologie. On a été obligé de s’arrêter sur le bord de la route pour le laisser ventiler et sauver la peau des trois autres enfants qui en avaient un peu marre de se faire mordre, pousser et taper. Une fois la crise passée, en approchant de San Jose, on a laissé passer une vache et on s’est fait dépasser par des cyclistes sans casques, sur l’autoroute, qui roulaient sur les lignes centrales entre les camions et les autobus! Aucun problème! Et ce sont les automobilistes le danger sur les routes, c’est sûr! Une fois divertis, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de moyen de contourner la capitale. On s’est donc taper le centre-ville, sur l’heure du midi, avec toute cette incertitude qui embrouille plus qu’elle ne guide les voyageurs hésitants. On a finalement réussi à se sortir de San Jose et on en a profité pour filer pendant que les enfants dormaient. La route n’a rien d’un conte de fée, mais on était quand même contents d’être de notre côté de la route parce que les voyageurs du dimanche qui rentraient en ville étaient drastiquement plus nombreux que nous! On s’est arrêté dans un restaurant-halte de bord de route dans lequel les autobus s’arrêtent pour faire une pause. La place était pittoresque et surplombait une vallée, mais on était pas mal fatigué et le flot incessant des voyageurs que déversaient les autobus avait un petit quelque chose d’agaçant en plus des deux vieux pets qui jouaient du xylophone dans le piton : El condor passa ad nauseam! On a quand même souligné le dixième mois de la Biloutte en s’offrant une poutine centraméricaine : plantain jaune frit avec du fromage râpé et du jus de fruits. Pas un régal, mais on prend ce qui passe. On est reparti sur le gros nerf parce qu’on n’avait pas encore parlé à Sergio et Maria, les gens qui s’occupent de la maison qu’on a loué, et qui nous attendaient. On s’est arrêté abreuver nos chevaux-vapeur, téléphoner à nos « hôtes » et on s’est gouré de chemin en repartant… Ça fait qu’on s’est tapé une route en construction avec plusieurs tronçons à sens unique sur du gravier avec nuage de poussière en prime. Quand on s’est finalement sorti de la construction tico style, juste en prenant la sortie pour Parrita, on s’est fait arrêté par un hurluberlu debout dans le milieu de ladite sortie. Il a commencé par nous demander dans quelle direction on allait pour finir par nous dire que pour Parrita, il fallait lui donner un dollar. Grave erreur! Marie-Claude, qui conduisait, lui a pété les plombs et en a profité pour ventiler des heures d’angoisse, de déception et de frustration. GET-OFF-MY-CAR! Elle a crié si fort que le gars en est resté pantois et le temps qu’il reprenne ses esprits et réalise qu’on ne rigolait pas avec une counette en beau joualvert, on était reparti. La scène ne fut pas sans produire d’effet sur les enfants qui se sont calmés et tût pour au moins six minutes… La tension était à couper au couteau et il était clair que le reste de la route ne serait pas une partie de plaisir. Effectivement, les enfants ont repris leurs naboteries intenses (ils jouaient à Marie-Claude qui criait après l’hurluberlu) et notre destination n’arrivait pas assez vite au goût de personne. On a fini par trouver la maison, après deux coups de téléphone à Sergio et plusieurs interrogations sur le sens profond de la vie. Les enfants étaient vannés de se retenir, les parents étaient au bord de la crise de nerf, Sergio avait juste hâte de nous ouvrir et de repartir chez lui : il était six heures. Sept heures de route avec une demi-heure de lunch entre 14h00 et 14h30! Vous devinerez que la maison ne nous a pas vraiment plu; que la seule chose qu’on souhaitait vraiment c’était de retourner à Cahuita et que la soirée fut plus que moyenne. On n’a même pas eu le courage de défaire nos sacs et nos valises; comme si on allait repartir le lendemain. De toute façon, c’était ce que nous souhaitions vraiment. Heureusement la nuit et quelques Imperial en cannette furent réparatrices, du moins juste assez pour ne pas se lever à contrecœur. On était décidément assez loin de notre pura vida bien aimée.

1 commentaire:

  1. Ah mon Dieu, là vous nous battez vraiment ! Vous deviez tellement être à boute ! Mais au moins, vous avez gardé votre humour. Ce que j'aurais aimé voir la scène Marie-Claude contre l'hurluberlu !!!

    Contente de savoir que Colin n'est pas toujours aussi sage que ce qu'il nous a laissé voir de sa personnalité, je me sens un peu moins seule ! Bonne chance ! Marie qui n'a vraiment pas hâte à 2011 (année maudite pendant laquelle nous vivrons un fucking four et un double terrible two...)

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