Jour 64 – 18 Mars
Après le déjeuner, Charles, Jules et Marine sont partis pour l’aéroport de Quepos pour aller reporter la voiture de location et courailler des choses qu’on n’a pas encore réussi à trouver i.e. un fil de téléphone pour se brancher à internet et quelque chose de dur pour mettre dans le fond du nouveau parc de Romane pour ne pas qu’il creuse. L’arrêt à la quincaillerie (ferreteria) fut digne d’un sketch de Chaplin ou Keaton. J’ai mimé et expliqué, à peu près, ce que je cherchais et au bout de vingt minutes, j’ai eu mon bout de panneau de ciment coupé dans les dimensions que je voulais. Pour un gars qui fait de la réno c’était presqu’une insulte!
À l’aéroport, où il fallait laisser l’auto, on a vu un avion décoller juste à côté de nous et on a ensuite pris un taxi jusqu’à la station d’autobus. Rendu là, on a fait des courses, mangé de la cochonnerie dans un resto de cochonneries comme il en existe aux abords de toutes les stations d’autobus de la terre et finalement pris ledit autobus pour Parrita. 750 colones (moins de 2$) pour 40 kilomètres pour les trois! Arrivés à destination, on a terminé nos courses et pris le taxi pour revenir à la maison.
Le chemin qui mène à Playa Bandera est environ deux kilomètres à l’extérieur de Parrita. De là, en tournant vers la mer, on entame une randonnée de 5 kilomètres et demi sur un chemin de gravier exécrable. Dépassant rarement 20 kilomètres heures, la distance semble longue et n’offre absolument aucun intérêt. D’impressionnants nuages de poussières se soulèvent de la route et viennent encombrer les voies respiratoires. La route sillonne des plantations de palmiers et des champs de melons d’eau dont la vue ne parvient pas vraiment à étouffer le sentiment d’exclusion du reste du monde qui se crée en nous. Pour certains, il doit s’agir là d’une bonne chose, un peu comme l’ermite qui regagne sa cabane sur le dessus de sa montagne, mais pour nous, il s’agit plus d’une longue agonie avant d’arriver à… pas grand chose! En plus, cette fois-ci, comme on est en taxi, je ressens un vif sentiment d’enfermement volontaire, d’emprisonnement. Prochaine sortie : dans un mois…
Notre arrivée à la maison, vers 15h00, et la sieste des enfants qui s’ensuivit, nous ont offert la première vraie opportunité de décanter les choses.
Il nous manque quelque chose, c’est certain. On n’arrive cependant pas à mettre le doigt dessus. En discutant et en cherchant, on en est arrivé à s’avouer que nous ressentons tout les deux les mêmes émotions qu’entraîne une peine d’amour. Même si on se trouve un peu adolescents d’en arriver là, nous sommes obliger d’admettre que la pura vida caribéenne, la vraie, celle que nous avons maintenant dans la peau, nous manque éperdument. À première vue, la côte pacifique est assez insipide même si les ticos semblent tout aussi gentils. Il manque le oumpf, le mojo, la raison d’être, le on ne sait pas vraiment quoi, mais tout en même temps. Nous nous sentons parachutés dans un paradis pour américains friqués avec des photos des enfants et du chat sur le frigidaire et la photo familiale devant le six flags New England. On imagine la dinde au thanksgiving, les prières à outrance (un crucifix sert d’ailleurs de décoration) et la crainte exagérée des terroristes. L’américanisation de nos vacances ne nous va pas du tout. Nous sommes également tristes de ne plus faire parti de quelque chose; nous ne sommes plus partie des activités du village. Notre éloignement nous confine au statut de purs touristes. Manquerait plus qu’un McDo.
Les palmiers, qui laissent tomber noix et branches d’une hauteur mirobolante, bien qu’impressionnants, n’ont pas le charme et le cachet de la forêt tropical qui nous englobait il y a quelques jours à peine. Les vaches dans le champ devant la maison sont bien jolies et amènent une belle touche bucolique, Mais elles rivalisent mal avec les singes hurleurs, les paresseux et les Oropendolas qui occupaient notre champ de vision caribéen.
Oh la la !
RépondreSupprimerPauvre vous !
Depuis quelques jours, ça fait mal au coeur de vous lire ! Ça n'a pas l'air facile, après ces belles longues semaines paradisiaques !
Ce n'est pas possible de vous retaper la route dans l'autre sens pour retrouver votre pura vida ?
Courage !
Je vous souhaite que la vapeur change de bord et que le bonheur revienne au grand galop !
Mi,
Maman et fidèle lectrice de Montréal
Salut la smala !
RépondreSupprimerOn dirait que le mal du pays vous prends ! Dans le fond la "verdad vida" c'est au Québec que ça ce passe... Quoiqu'on prendrait bien un petit 10 degré celcius de plus si vous en avez trop, mais se serait moins bon pour la cabane à sucre, alors on va attendre encore.
Pour philosopher sur votre situation, dites vous que le passé c'est du passé, et que l'avenir vous apporteras son lot de peine et de joie. Votre passage sur le Pacifique est probablement un passage nécessaire avant votre retour au pays qui aurai peut-être été trop brusque sinon.
Vous pourriez toujours sacrifier votre mois suplémentaire prévu, pour un retour a Cahuita pour les 3 dernières semaines. À vous entendre 7 semaines de "ché pas quoi" valent peut-être bien 3 semaines de "Pura Vida". Mais, par expérience on ne revit jamais 2 fois la même histoire. Alors il se peut qu'un retour en arrière ne vous apporte pas le sentiment d'origine. Je vous suggère donc de faire votre deuil. Laissez vous aller, arrêter de retenir vos larmes, et brailler un bon coup. C'est très réparateur, et ça libère des toxines qui empoisonnent votre corps, les enfants on compris ça depuis longtemps eux... Par la suite, je suis certain que vous retrouverez une certaine sérénité et que vous serez prêt à vivre la suite de votre expérience.
Lâcher pas la patate, et profitez bien du reste de votre séjour. Réalisez la chance que vous avez.
eXrXiXc
Bon courage les amis je connais le sentiment trop bien et je compatis!
RépondreSupprimerAnaïs
xx