mardi 31 mars 2009

La canne à sucre



Jour 75 – 29 Mars

C’est drôle, depuis deux mois et demi nous sommes dans un néant d’horaire, un flou de journée et de date; même les indications à cet effet dans l’entête de nos récits ne nous atteignent plus. Ils sont des repères qui ne relient à rien dans le calendrier de nos vies. Il nous faut vraiment porter attention et nous concentrer pour relier le jour et la date à quelque chose de concret. Malgré ça, pour la première fois depuis longtemps on a vraiment l’impression d’être la fin de semaine. Il n’y a rien de changé, on ne voit pas plus de gens et rien n’est différent des autres journées, mais on a quand même une sensation différente. Bizarre!

En parlant au téléphone ce matin, Charles a pu admirer deux lézards non-identifiés se balader tranquillement autour de la maison. Ils se faisaient des festins avec des feuilles deux fois grosses comme leurs têtes et prenaient le soleil doucement. À l’opposé de nous, eux ont compris l’art de ne rien faire au soleil et de se la couler douce.

Il faut croire que c’était la journée de la mangeaille parce qu’en revenant de la plage ce midi, on a vu de très près (10 pieds) un vautour se faire un snack d’un poisson mort. Il avait l’air affamé et n’a vraiment pas semblé dérangé par notre passage si près de lui. Il avait probablement compris qu’on ne voulait rien savoir de son lunch puisque celui qu’on avait mangé était beaucoup plus frais!

Après la sieste, on avait promis aux enfants d’aller se baigner dans la mer et de jouer dans les vagues. Comme il était tard, on a hésité, mais on est quand même parti pour la baignade avec nos affaires de coucher de soleil (drinks et paréos anti-moustiques). Ce fut un moment magique. La baignade au coucher de soleil fut délicieuse, tant pour rafraîchir nos corps sur-sollicités par la chaleur que pour remplir nos yeux d’une douce lumière rose et bleue. Le ciel, les vagues et le couché de soleil nous ont comblés, encore une fois. Quand on ne voit presque plus le soleil, on joue à savoir s’il va disparaître avant, pendant ou après la prochaine vague. Sublime!

En revenant de la plage, on a rencontré Xinia. Comme on avait déjà fait notre souper et qu’on en avait pour les fins, les fous et les autres, on lui en a donné deux portions pour elle et son amour de Walter. Elle est revenue nous porter notre bol quelques minutes plus tard, seulement après l’avoir rempli de morceaux de canne à sucre, coupés et prêts à manger. En fait, dans sa grande générosité, elle nous avait donné un bâton d’environ six pieds de canne à sucre il y a quelques jours. On s’en était chiqué un petit bout, mais on n’avait pas vraiment saisi le principe (notre machette et notre couteau de cuisine n’étaient pas aiguisés non plus à ce moment !). Dire que Marie-Claude a déjà visité une usine d’extraction de canne à sucre au Nicaragua… la honte rejaillie sur elle! Alors, quand Xinia s’est aperçue que la canne trainait toujours sur notre clôture extérieure elle a bien compris que nous étions des néophytes de la canne à sucre et nous a expliqué comment la préparer. Quand elle a senti notre désarroi devant ses explications en espagnol, elle à tout bonnement repris la canne en nous disant qu’elle allait nous la préparer. Et heureusement parce qu’on serait jamais arrivé à ce délice. C’est comme planté un japonais à côté d’un érable à Baie-du-Fevbre au printemps, lui donné un chalumeau et espérer qu’il se concocte une canne de sirop d’érable. Pour le dessert on s’est donc fait un délice de ces bâtonnets de fibre, desquels se dégagent une odeur subtile et qui regorgent d'une eau légèrement sucrée et douce. On a tous beaucoup apprécié. Encore une preuve que la clef au bonheur de notre séjour ici passe par la voisine; lourde responsabilité pour l’affable Xinia!


lundi 30 mars 2009

Pipa, pipa, pipa !

Jour 74 – 28 Mars


Après le déjeuner, l’équipe pipa-plus (Marine et Colin) a réclamé son dû. Après soixante quinze « papa, je veux une pipa », Charles a déposé son café pour aller essayer de ne pas s’estropier en se battant contre le gros fruit vert dans le garage. Armé de la machette de la maison, qui coupe autant qu’un rasoir bic usé et trainé longtemps sur le béton, il besognait ferme quand Xinia, pleine de pitié, est sortie de chez elle avec sa machette pour l’offrir au gringo en sueur. Elle est repartie avec notre machette et son Walter nous l’a aiguisé. Nette amélioration, mais pas encore de la qualité de celle qu’on avait à Cahuita : Marie-Claude se faisait les jambes à la machette. Mais là où le Walter en question nous a sauvé la vie, c’est dans la cuisine. Il a aiguisé le seul couteau de la place (un henkel deux bonhommes) à la perfection. Il était temps parce qu’on était sur le point de tout mettre dans le blender!

Notre lessivitte aigue ne s’améliore pas. Malheureusement, comme les enfants sont toujours tout nus, on n’a presque pas de vêtements à laver! Le peu qu’on lave (Romane fait quand même sa part) permet cependant à Marie-Claude de savourer un grand bonheur, celui d’admirer sa corde à linge parfaite! Ici, c’est le paradis pour étendre : du temps extra chaud (le mot est faible!) et un soleil qui ne connaît pas l’absentéisme. En une heure tout est sec, même les plus gros morceaux. Ce serait toutefois dommage de les rentrer après si peu de temps…

Marie-Claude a entrepris de sérieuses recherches pour notre excursion à l’extérieur du pays qui aura pour but de nous permettre de renouveler nos visas pour le dernier mois de notre visite. L’ordinateur n’en pouvait plus, il suffisait à peine pour alimenter toutes les fenêtres avec des resorts, des hôtels et des petits paradis pour vacanciers. Bocas del toro, au Panama, semble être la destination de notre escale forcée. Comme c’est un site touristique réputé, les prix sont élevés et la semaine sainte, qui est un gros événement ici, ne fait rien pour alléger les choses.

Pour se changer les idées, Charles, Jules et Marine sont allés jouer dans les vagues avant le dîner. Ce fut très agréable et Marine est en voie de devenir, comme son grand frère, une beach bum de première. Elle a fini par saisir le plaisir et prendre conscience des émotions fortes qu’elle pouvait avoir en jouant des les ourlets du pacifique. Comme il était presque midi, on est rentré vite parce que le soleil était de plomb! Les enfants ont tellement aimé qu’on est retourné avant la sieste. Puis après la sieste aussi! On peut affirmer que le reste de notre séjour goûtera définitivement l’eau salée.

dimanche 29 mars 2009

Carpe Diem

Jour 73 – 27 Mars


Une autre journée tranquille. On s’en vient vraiment talentueux pour les aligner. Xinia est venu dîner avec nous au grand bonheur des enfants qui trouvent en elle une oreille attentive (facile, est ne comprend pas leurs requêtes incessantes !!!) et des bras accueillants. Elle nous a apporté des frijoles negros qu’elle prépare avec tout le talent et la facilité d’une locale, des tortillas de maïs qui étaient les premiers que Charles ait jamais aimés, tout en délicatesse, comme leur créatrice, et des chips de Yuka faites maison. Nos crudités et notre pizza maison ont fait piètre figure à côté mais la joie et la simplicité ont rayonnés de ce repas partagé.

Au grand désarroi des parents en quête de quiétude, Jules ne fait plus de sieste. Il est cependant assez gentil pour se retirer tranquillement dans sa chambre, pour une petite heure, après quoi il se trouve des activités silencieuses en attendant le réveil de ses frère et sœurs. À ce chapitre, les constructions familiales Saint-Jean sont fières d’annoncer l’ouverture de leur nouvelle division de château de cartes. Julot l’ingénieur cérébral a bien saisi les nuances de cette activité de motricité fine et nous devrions être on-line bientôt : Idéal pour chalet.

La division bas-âge de la famille (Romane, Colin et Charles) n’a pas eu droit aux activités de plage post-sieste, Colin ayant décidé d’imiter Jules en faisant une grève de sieste. Sauf qu’à deux ans et demi les fins de journée sont drôlement plus difficiles avec pas de dodo dans le corps. N’empêche, ce recul momentané du petit blanc nous a fait apprécier que son caractère a beaucoup changé et que le développement intense de ses habilités langagières est sûrement pour beaucoup dans la diminution de ses crises de terrible-two.

Au souper, on s’est farci 1,420 kilos de Papaye à six! À Montréal, on n’en achète jamais parce que la texture et le goût fade nous rebute toujours. Mais ici, les papayes sont dures et savoureuses, une merveille. Dans le même ordre d’idée, hier soir, on a complètement dévoré 3,655 kilos de melon d’eau. Spectaculaire!

Pour finir sur une triste note, j’ai abouti, ce soir, sur le blogue (http://baileyzimmerman.blogspot.com) de la blonde d’un réputé et excellent (le mot est faible) columnist de football, Paul Zimmerman, un genre de Foglia du football américain. Ses chroniques étaient délicieuses et le football n’y était souvent qu’une excuse pour parler d’autres choses, ses voyages, sa blonde, le vin, etc. J’avais remarqué, depuis un certain temps, son absence sur Yahoo sports et me demandais pourquoi on était privé des lumières du Dr. Z. Et bien il a fait un « double stroke » et est gravement paralysé. J’ai trouvé ça d’une tristesse sans nom et en profite pour vous réitérer que nous profitons pleinement de la chance que nous avons et que nous en savourons chaque instant. Même si tout n’est pas toujours parfait, nous savons que nous sommes privilégiés. Le traditionnel pura vida est ce soir doublé d’un carpe diem de circonstance.


samedi 28 mars 2009

Le Pali de Parrita

Jour 72 – 26 Mars

Pas grand-chose de neuf sous le soleil. Entre les joies du boogie boarding (surf couché) à se faire transbahuter dans les vagues et les mille et un jeux que les enfants s’inventent dans la piscine, on lit des histoires, on joue aux échecs, au Rummy avec Jules et au train mexicain (dominos) avec Jules et Marine. Colin bisoune ferme de son côté en se prenant pour un bombero et la biloutte teste constamment notre attention pour essayer de grimper dans l’escalier. En fin d’avant-midi, pendant que Marie-Claude et les plus vieux étaient affairés à perdre une casquette dans les vagues, Sergio et sa femme Maria sont passés nous offrir d’aller faire des courses à Parrita. Ça tombait pile parce qu’on avait plus de lait frais depuis quelques jours déjà et que notre réserve de fruits et de légume fondait plus vite que n’arrivaient les repas. Charles est donc allé avec eux faire une épicerie digne des familles normales! Nos charmants samaritains m’ont laissé au Pali, filiale de Wal-Mart, à l’entrée de Parrita en me disant qu’ils repasseraient me prendre une fois leurs courses terminées. J’étais en train de faire une épicerie d’enfer dans un temps record, pour ne pas les faire attendre, quand je suis tombé sur les items gin et tonique de notre liste. Après avoir constaté l’absence de ces produits dans l’établissement où je me trouvais, j’ai d’abord pensé laisser tomber et ai donc continué ma tâche de soutient de famille, consciencieusement. Trois minutes plus tard, au bout de la dernière rangée et avant de prendre les denrées périssables (lait, yogourt, viande et poisson), j’ai été pris de remords et envahis par la douce sensation du gin tonique en apéro. Il ne m’en fallut pas plus pour accrocher un commis et m’assurer auprès de lui que mon panier pouvait rester dans le back-store sans craintes qu’il ne disparaisse. J’ai alors pris mes jambes à mon cou et traverser la ville (800 mètres) en courant pour me rendre au liquor store. Ça a l’aire de rien, mais 800 mètres en courant au gros soleil de midi par 35 degrés, c’est toute une épreuve. Arrivé à destination, j’ai aperçu Sergio et Maria qui magasinait tranquillement non loin de là. N’empêche, j’ai attrapé en vitesse le premier 26 onces de Tanqueray qui trainait et quatre cannettes de tonique pour lui tenir compagnie. Histoire de passer le temps, j’ai agrémenté le tout de quelques paquets de cigarettes (à 600 colones chacun!) et voilà, nos fins de journées étaient assurées. OUF! Puis, j’ai retraversé la ville au pas de course en tenant mon précieux butin pour aller terminer ma besogne parentale. 12 litres de lait et quelques repas de viande et de poisson frais plus tard, je me dirigeai vers la caisse avec la fierté du devoir accompli. Le voyage du retour fut sans intérêt outre celui que portait Maria à notre confort dans la maison louée. Je l’ai épargné de nos états d’âme et ai bien entendu tous ses judicieux conseils. À la maison pendant la sieste des enfants, nous avons profité de la vue, du soleil et de notre aptitude naturelle à la pura vida pour lire tranquillement. Charles a finalement réussi par finir A catcher in the rye de J.D. Salinger, ce qui ne sera pas sans aidé à la reprise de la félicité familiale. En effet, comment être si heureux en lisant un roman aussi déprimant : Il y fait froid, c’est Noël, le pauvre gars file un mauvais coton, etc. C’est à se demander si la version originale ne venait pas avec un couteau pour s’ouvrir les veines! Mais tout ça est du passé et je compte bien m’offrir quelques pages savoureuses de Falardeau (les bœufs sont lents mais la terre est patiente) pour me remettre complètement de bonne humeur.
Au souper, Biloutte nous a fait tout un spectacle. Depuis que madame a percé sa première dent, elle insiste pour manger seule. Mais elle insiste vraiment! La corvineta, notre coup de cœur côté poisson, le brocoli et le melon d’eau ont fini par faire un joyeux mélange dans sa figure, sur son corps et sur sa chaise. Elle était tellement beurrée qu’on a du sortir la chaise, avec elle dedans, pour passer l’ensemble sous la douche dehors! Ça avait un petit quelque chose de la scène des bougons dans laquelle ils attachent pépère dans la boîte du pick-up pour le laver au car wash… Notre super biloutte, tout comme nous, a bien rigolé et s’est couché toute propre, comme sa chaise! Puis une fois les plus petits couchés, Jules a réécris à son enseignante et à ses camarades de classe qui avaient été assez gentil pour lui envoyer un joli message avec plein de questions. C’était vraiment gentil de la part d’Adèle, son enseignante, de prendre le temps de faire cette activité. Quand notre patate a su qu’il manquerait la classe verte de cette année, il s’est contenté de dire que SA classe verte à lui durait depuis déjà deux mois… Qui a dit que les enfants n’étaient pas reconnaissants!

vendredi 27 mars 2009

Tout simplement...

Jour 71 – 25 Mars


Les enfants se sont réveillés très tôt, mais comme ils en ont pris l’habitude, ils jouent plus ou moins tranquillement jusqu’à une heure raisonnable; autour de sept heure. En se levant, on a tout de suite remarqué que la journée en serait une chaude. Déjà vers neuf heures, c’était lourd et les ventilateurs commençaient à ne plus suffire à la tâche. Alors on s’est fait une petite vie tranquille, avec de très courtes périodes d’exposition au soleil et beaucoup de périodes de pas grand-chose. Nous avions prévu retourner dîner au restaurant au bout de la plage, et on a failli changer nos plans parce que la marche d’un kilomètre pour s’y rendre semblait presqu’insurmontable. C’aurait été une erreur. Nous avons découvert qu’en journée de très grande chaleur, la meilleure place où être pour se rafraîchir est sur le bord de la mer, dans l’eau ou sur la partie de la plage mouillée par les vagues… Ça peut sembler étonnant, mais il y fait un vent doux et vivifiant qui fait bien vite oublier la chaleur suffocante, sans oublier le sable frais. Les cent mètres qui nous séparent de ces lieux divins sont, eux, un obstacle étouffant. Le moment au cours duquel on quitte la dernière rangée de palmier pour arriver dans le sable brulant est un peu paniquant. Mais aussitôt arrivé près de l’eau, les choses se replacent agréablement.

C’est donc en empruntant ce sentier improvisé que nous nous sommes rendus au restaurant. On y a revu la propriétaire ventripotente et sa fille, que certains d’entre nous avaient pris pour la putain du coin. On s’excuse. Ses blessures semblaient aller mieux, et on en a déduit que les chemins de trous et de graviers devaient être la vraie raison de ses bobos. Toujours est-il que nous avons bien mangé, mieux que la dernière fois, probablement parce que la cuisinière avait changé. Et comme le gars du Karaoké avait plié bagage, nous avons pu manger en toute quiétude et nous parler sans crier. Quiétude. C’est jolie comme mot quand même pour une famille de six qui mange au resto !!! On en a profité pour faire une mini-épicerie parce que nos réserves baissent.

On s’est refait le sentier du retour en rencontrant des poissons morts mais surtout beaucoup de coquillages. Ces coquillages sont d’une grande beauté; certains sont d’un blanc immaculé, d’autres roses et certains sont mêmes d’un mauve fuchsia étonnant. Les formes sont tout aussi variées et c’est vraiment un plaisir de se promener les yeux au sol à la recherche de jolis morceaux.

Pendant la sieste des enfants, on a profité de la brise de la mer et de la musique des vagues pour lire et s’évader dans notre hamac. On a compris que nous avions retrouvés la paix intérieure et que cette journée, toute simple, confirmait que nous étions en train de passer d’autres moments magiques. Différents de ceux que nous avons connus jusqu’à maintenant, mais pour peu qu’on s’efforce de le voir, tout aussi merveilleux. Le souper s’est même terminer par une imitation hilarante d’Anne-Marie Losique. Une prestation grandiose de Charles et Marine, qui nous a donné des crampes! On peut même vous laisser sur un joli Pura vida retrouvé et libérateur!

jeudi 26 mars 2009

Les maranones

Jour 70 – 24 Mars


Sergio, l’homme de la place, est passé ce matin. Avant de nettoyer la piscine, il nous a félicités de ne pas avoir pris de coups de soleil, surtout que les enfants sont toujours tout nus! Pour une fois qu’on ne passe pas pour des parents inconscients et inconséquents qui font juste boire de la bière. Parce que depuis qu’on est ici on a pris l’habitude de le petite imperial au dîner… Mais Sergio s’en tape un peu, il est AA depuis 18 ans! Il nous a quand même prêté une caisse de bière vide, puisqu’il faut les louer ici, et indiquer gracieusement le meilleur endroit pour les acheter.

Le système pour nettoyer la piscine est vraiment impressionnant. On ne vous accablera pas des détails, mais on a été tellement subjugués qu’il a été question d’en installer un dans notre bassin d’eau en béton, dans notre cours chérie.

Puis le feu roulant s’est poursuivi avec la visite de Xinia qui nous a donné d’autres maranones mais qui nous a surtout amené voir l’arbre qui les produits. On a trouvé ça vraiment joli avec la forme du fruit et la crête en dessous. Puis on est allé se baigner et jouer dans les vagues qui étaient assez grosses. Tous les gens que nous avons rencontrés ici nous ont mis en garde contre les courants transversaux et les dangers de la mer. Nous avons eu un bon exemple de la nature des inquiétudes locales. Les courants, surtout lors du ressac, sont d’une force et d’une constance impressionnante. Agenouillé dans un pied et demi d’eau, Charles tenait bien fort Jules et Marine pendant lesdites périodes de ressac, parce qu’il s’en fallait de peu pour se retrouver avec une patate ou une rousse seul (e) à la mer…

On est donc rentré dîner assez tôt et Xinia nous a apporté une belle salade avec des épinards, de la laitue et du chou. En temps normal, nous mangeons des épinards une ou deux fois par semaine. Ça fait 70 jours qu’on n’en a pas rencontrés! On était très heureux de se les mettre sous la dent aussi clairsemés fussent-ils dans leur salade.

Après la sieste, Marie-Claude a amené Jules essayer son détecteur de métal National Geographic qu’il a reçu en cadeau à son anniversaire. Comme la plage est déserte ici (lire : vraiment déserte!) on ne trouvait pas grand-chose. On a donc eu l’idée de cacher des colones dans le sable et de jouer à les chercher. On se mettra pas riche mais on eu bien du plaisir en passant à Marie et Pascale! Et en plus, c’est une alternative à la traditionnelle chasse aux colones dans le fond de l’eau, qui soit dit en passant, n’offre pas de grands défis dans notre piscine de deux pieds et demi de profondeur! Puis on a eu droit à un joli coucher de soleil. Ah oui, notre bilouette a maintenant une dent et elle monte l’escalier toute seule.

Ce fût une journée somme toute tranquille, mais on commence à trouver nos repères et un rythme de vie agréable. Comme si on avait fait le tour des désagréments et qu’on avait décidé de profiter des bonnes choses au lieu de s’attarder aux choses négatives. D’ailleurs vos messages d’encouragement et de support ont tous été très appréciés et nous ont tous servis à nous remettre sur pieds. Merci de nous lire et de nous suivre avec tant d’assiduité et d’intérêt. On est toujours surpris de constater que vous êtes somme toute assez nombreux et que vous vous sentez assez concernés par ce qui nous arrive. Et dire qu’on voulait écrire un blogue uniquement pour que les enfants aient un souvenir et pour ne pas avoir à vous écrire tous individuellement! On s’est peut-être fait prendre à notre propre jeu mais ça nous a fait chaud au cœur de vous lire ces derniers jours : Merci!

Be ware or falling coconuts !

Jour 69 – 23 Mars

En se levant, Marie-Claude a envoyé un message à Ruth pour voir si la maison était libre pour notre dernier mois au Costa Rica. Comme par hasard, quelques minutes plus tard, la propriétaire de la maison qu’on pensait louer au Nicaragua nous a écris pour savoir pourquoi elle n’avait pas encore reçu de nos nouvelles et nous rappeler gentiment qu’on n’était pas les seuls à être intéressés par sa maison. Il n’en fallut pas plus pour déclencher des vagues de remords à son égard, elle qui eu l’extrême amabilité de nous faire un prix exceptionnel pour sa maison tout aussi exceptionnel, et nous faire sentir comme des aguicheuses.
Marie-Claude a finalement rejoint Ruth par téléphone et nous pourrons aller finir notre séjour au même endroit où nous l’avons commencé. C’est drôle parce que cette décision coulait tellement de source, que depuis que nous l’avons prise, nous ne sommes pas soulagés, mais seulement revenus à notre état normal. À se fier à notre réaction des derniers jours, je ne sais pas quelle sera notre état d’esprit ni de quoi auront l’air nos faces en revenant au Québec, mais au moins on peut prétendre prendre les moyens pour finir le tout en beauté.
Avis aux intéressés donc, si vous voulez découvrir le Talamanca, bienvenue chez nous, 200 mètres au nord de l’entrée sud du parc national, réservez tôt, Imperial et bonheur inclus.
Sur la scène locale, puisqu’il le faut bien, dans le message d’information que la propriétaire nous avait envoyé avant qu’on arrive il y avait la phrase : « be ware or falling coconuts. » Ça nous avait fait bien rire. Rendu ici, on comprend mieux. Les palmiers qui ceinturent la maison sont très hauts. Hauts comme sur les images de jeux de cartes. Ils produisent une si grande quantité de pipas, ou noix de coco, que même Marine aurait de la difficulté à toutes les boire. Quand ces noix, et occasionnellement les branches qui poussent autour, se détachent, elles tombent de haut et le bruit est toujours surprenant. Les branches ne sont pas trop inquiétantes, mais recevoir une noix sur la tête (ou ailleurs) est devenu une préoccupation constante. On ne vous fera pas croire à la psychose, mais après avoir survécu aux scorpions et aux serpents, on se dit que ce serait bien dommage de perdre un membre de la famille sous le tir d’un cocotier… On a pas du mener une assez bonne vie aujourd’hui, parce qu’on n’a pas eu de coucher de soleil.

mercredi 25 mars 2009

Bonheur retrouvé !


Jour 68 – 22 Mars

C’est avec une toute nouvelle perspective que nous nous sommes levés ce matin. On a presque le goût de chanter des vieux hits de Adamo ou pire encore, ceux de Martine St-Claire. Aujourd’hui, Marie-Claude est allée à la plage faire un immense château de sable avec les enfants et évidemment, la mer a repris ses droits avant qu’on puisse le photographier dans toute sa splendeur. Pe

u importe, la proximité de la plage nous sert au moins un peu. On doit dire que contrairement à la côte caraïbe les plages ici n’offrent aucune parcelle d’ombre ce qui est un peu effrayant pour des parents de quatre ninos blanco (à l’exception de Jules qui arbore nonchalamment un tan de surfer!). Foi de notre bonheur retrouvé, Marie-Claude s’est même laissé allée à chanter avec les enfants dans la piscine au retour de la plage « J’ai un beau château ma tante tire-lire-lire, j’ai un beau château ma tante tire-lire-lo ». Et comme les paroles ne venaient pas aisément de nouvelles versions fusaient d

e tout part!

En soirée, alors que les enfants sortaient de la piscine pour aller au lit, Jules a découvert un beau crapaud qui voulait s’inviter pour les préparatifs du dodo.

On réalise maintenant, en rétrospective, que ce qui nous manque le plus de Cahuita est la possibilité de faire parti d’un village et de participer à la vie locale. Notre isolement ici est clairement un frein aux échanges culturels. Voilà, on a mis le doigt dessus. Heureusement que Xinia est là, sinon, on ne verrait personne.

C’est donc officiel, comme nous vivons très bien avec l’idée de retourner à Cahuita, demain on va essayer de faire les démarches pour y passer notre dernier mois de voyage.

Las Brisas

Jour 67 – 21 Mars


Aujourd’hui on sort en grand. On va diner au restaurant Las Brisas, le seul commerce qui soit à distance de marche. C’est à la fois un soda, une pulperia et des cabinas (petit resto/dépanneur/motel). On peut y aller par la route cahoteuse et poussiéreuse devant la maison ou marcher le long de la mer les pieds dans l’eau. On a opté pour la mer! La chaleur étouffante du midi est quelque peu atténuée par le vent qui souffle gentiment sur nos peaux rouge hémérocalle. Le sable brulant, nous oblige à marcher les pieds dans l’eau ou du moins près des dernières vagues et à se laisser masser les chevilles par le va et vient des petits rouleaux blancs. C’est quand même impressionnant que cette mer si immense, si puissante et imbattable puisse être à la fois si douce et si calme. Comme un enfant de deux ans finalement!
Plus on approche du resto, moins on s’
entend parler : un jeune homme dans le vent est en pleine prestation de Karaoké. Ouf, que c’est douloureux! Mais les enfants sont immédiatement dans le beat! En voyant arriver des clients il en profite pour mettre ses meilleurs clips sur l’écran géant (qui doit être dans un état pitoyable avec le sel de la mer que le vent transporte). On a eu droit à la catégorie best sexy. Les enfants ont découvert Madonna et ça ne saurait tarder avant que Marine s’approprie son style… ou vice versa. Il y avait des gars un peu saouls au comptoir et après le diner une jeune fille couverte d’ecchymoses est descendu d’une des chambres qu’on retrouve à l’étage. Elle avait des points de suture en dessous du mentons et ça nous a donné l’impression qu’elle est la fille de joie de l’endroit et qu’elle a rencontré un client pas tellement joyeux…
La nourriture cuisiné par une dame d’un certain âge fut excellente, dans les circonstances, mais on se serait cru dans un bar poche d’un petit village poche qui sert à manger aux échoués de la veille. Toute une expérience! Les enfants ont cependant bien aimé et on y retournera puisque le spectacle en vaut la peine, que la nourriture est correcte et surtout puisque c’est le seul proche de chez nous!

Au retour les enfants ont joué dans la piscine et on ne sait pas si c’est l’effet Madonna, mais Jules et Marine ont changé de personnalités et de maillots de bain… Ils étaient tordus de rire et nous aussi. On a déjà hâte à l’adolescence !

Avant d’aller à la sieste, Xinia, notre gentille voisine, nous a apporté des mangues vertes et un autre fruit exotique qui s’appelle Marañón. On s’est donc fait des bâtonnets de mangue verte avec du sel et du citron/mandarine et concocté un jus de Marañón. La vie est quand même pas trop mal!
La nostalgie nous suit toujours pas à pas et pour en ajouter nous avons terminé not
re régime de banane amené de peine et de misère de Cahuita. On lui a offert un traitement royal, une fin digne d’un film américain : bananes flambées au rhum brun pour tout le monde y compris pour la Biloutte.
Une fois les enfants couchés, nos discussions nous amènent encore au constat que Cahuita nous manque vraiment. On jongle avec l’idée d’y retourner, pour voir comment on se sent. Tout à coup, toute la pression tombe. Le bonheur a recommencé à couler dans nos veines et on a même retrouvé le goût de boire de la
Impérial! On a opté pour le bonheur, et à partir de maintenant, on profitera du mieux qu’on peut de notre séjour ici. Pour se faire, on a évincé Jules du boudoir au deuxième pour pouvoir se coucher en se faisant bercer par les vagues, profiter de la brise qui souffle de la mer et se réveiller avec le spectacle magnifique qu’offre l’immensité de cette mer. Chaque coucher de soleil sera dorénavant tatoué dans notre mémoire comme un merveilleux souvenir, puisqu'il le faut bien.

mardi 24 mars 2009

À la découverte de Parrita

Jour 66 – 20 Mars


Ce matin, Sergio avait un rendez-vous à la clinique dical de Parrita (dont la salle d’attente est dehors) et il avait offert à Charles d’en profiter pour aller faire des courses. C’est donc au son du klaxon que Charles est sorti du lit à 6h30; pour une fois que les enfants dormaient à cette heure!

Comme il n’était même pas 7h00 et que je n’avais ni déjeuner ni pris un café, je me suis attablé dans un vrai resto typique tico. Gallo pinto con queso y cafe negro. Cette fois, c’était réussi. Le riz et les fèves était vraiment bons et bien apprêtés et même si le fromage (à cuire) a un goût particulier de suri, lorsque mêlé avec le riz, c’est excellent! Le café était sucré mais il a quand même produit l’effet escompté. Je me suis farci tout le journal, en espagnol uniquement, et ai lu avec grand intérêt le cahier voyage pour la semaine sainte en portant une attention toute attendrie à la section sur la côte caraïbe.

Ensuite, j’ai sillonné, tel un routard aguerri, toutes les rues de la ville et suis entré dans presque tous les commerces. C’est avec assurance que je me permets d’affirmer que Parrita n’est d’aucun intérêt. C’est plate, mais c’est comme ça. Le magasin le plus chouette est sans aucun doute la version centraméricaine du Village des Valeurs. J’y ai d’ailleurs acheté un t-shirt et un chandail des Titans du Tennessee pour 3000 colones. J’y ai aussi retrouvé Sergio qui se magasinait des shorts et qui m’a avoué qu’il s’agissait de son magasin préféré. On est ensuite allé acheter de la bière au Pali et je lui ai payé un café et une brioche avant de rentrer.

Après la sieste, Marie-Claude est allé jouer dans la mer avec les enfants et elle a aussi vu une raie de sable qui prenait un bain de soleil dans l’eau peu profonde. Ça a servi à apaiser les appréhensions familiales face à cet animal qui n’était pas sans susciter une certaine peur chez-nous. En fait comme elles se camouflent dans le sable, c’est plutôt facile de marcher dessus et de se faire piquer par le dard.

Puis, en soirée, on s’est offert une enième séance de thérapie parentale pour essayer de comprendre ce qui nous arrive. Avec le temps, on commence à être plus reposés et il appert que nous sommes tout simplement victimes d’ennui. C’est dur à croire, mais c’est ce qui semble le plus probable. Les jours qui passent nous permettent de mieux apprécier la maison dans laquelle nous sommes, mais nos bons souvenirs caribéens viennent constamment mettre en relief les manques à gagner que nous remarquons. On va quand même arrêter de se plaindre, parce que c’est un peu exagéré de se priver d’apprécier la vie que nous avons la chance de vivre. D’autant plus que les enfants sont parfaitement heureux. Jules a même un faible pour les voiture vibrantes dans lesquelles on doit insérer des colones en sortant de l’épicerie… Vives la candeur des enfants! Cependant, nous remettons en cause la poursuite de notre voyage au Nicaragua parce que la maison là-bas est aussi sur une plage isolé en dehors d’un sympathique village (la pinte de lait la plus proche est à 15 minutes de taxis…). Tant qu’à se déplacer, on se dit qu’on serait aussi bien de retourner là où on sait qu’il fait bon vivre. C’est quand même difficile d’en arriver à être complètement à l’aise avec cette idée. Nos idées se clarifient, on a moins envie de pleurer, mais on n’est pas encore rendu au bout de nos peines. La lumière au bout du tunnel est bien là, reste à confirmer si c’est un train ou des rayons de pura vida

La rencontre de Xinia

Jour 65 – 19 Mars

Ce n’est que ce matin que nous avons aperçu le bouquet que Sergio et Maria, les responsables de la maison, nous avaient laissé en guise de bienvenue. Nous ajouterons seulement que c’est bien gentil, mais on est loin des héliconias majestueux…
Justement, ce même Sergio est passé nous voir, faire un brin de jasette, voir si tout allait bien, nous
donner quelques conseils pour le séjour (comme faire attention aux raies de sable dans la mer) et prendre un café. Comme le filtreur de la piscine ne fonctionnait plus, il l’a fait réparer et est revenu plus tard nous le réinstaller. Il n’y a pas à dire, ce Colombien ex-immigrant américain est vraiment très gentil. On pourrait même affirmer qu’il est le principal atout de la maison… Aujourd’hui nous avons rencontré notre voisine de gauche, Xinia, une costaricienne de la ville! Elle vit depuis février dans la modeste maison qui jouxte la nôtre. La cuisine en ciment et terre battue contraste royalement avec notre luxueuse demeure que nous avons tant de difficulté à aimer. C’est difficile de dire si sa maison est en rénovation ou si le projet s’est arrêté en cour de route! Toujours est-il que Xinia nous est apparu telle une fée dans un conte. Elle est douce, discrète (même si on entend de notre cuisine quand elle coupe des carottes dans la sienne…), affable et les enfants l’on tout de suite adoptée. Elle nous a fait visiter son jardin, son promontoire près de la mer et une partie de sa maison. Elle nous a offert du melon, de la canne à sucre, donné des biscuits aux enfants et quand elle a su que Marine et Colin adoraient la pipa, elle a demandé à son cousin qui travaillait dans la maison de venir en cueillir pour nous. Il est monté dans l’arbre plus vite que tarzan ne l’aurait fait et à grand coup de machette il a fait tomber des grappes et des grappes de pipas, entre 30 et 40, en tout. Quelques unes sont tombées sur le toit de tôle qui sert d’appentis à la cuisine de Xinia et il s’en est fallu de peu qu’elle perde sa cuisine… pour nous faire plaisir. Marine était tellement contente qu’elle l’a invitée à diner, invitation que Xinia a bien sûr acceptée. C’est plutôt difficile de communiquer parce que notre espagnol est restreint, mais elle fait de grands et appréciés efforts pour parler lentement et redire les choses avec d’autres mots. Nous on s’est greffé le dictionnaire au bout de la main. En discutant avec elle des façons d’éduquer les enfants, on se rend compte, encore une fois, que bien des choses sont universelles. Comme les sourires sincères échangés qui n’ont ni culture, ni langue. Un point de plus pour le Pacifique ! Comme on a passé la journée à la maison on s’est rendu compte qu’il n’y a aucune chaise confortable et qu’on mangera désormais au comptoir puisque la table de cuisine est en fait une table de patio chambranlante en résine qui fait 35’’ de diamètre. À six, les assiettes ne rentrent même pas.

lundi 23 mars 2009

Adios el coche !

Jour 64 – 18 Mars


Après le déjeuner, Charles, Jules et Marine sont partis pour l’aéroport de Quepos pour aller reporter la voiture de location et courailler des choses qu’on n’a pas encore réussi à trouver i.e. un fil de téléphone pour se brancher à internet et quelque chose de dur pour mettre dans le fond du nouveau parc de Romane pour ne pas qu’il creuse. L’arrêt à la quincaillerie (ferreteria) fut digne d’un sketch de Chaplin ou Keaton. J’ai mimé et expliqué, à peu près, ce que je cherchais et au bout de vingt minutes, j’ai eu mon bout de panneau de ciment coupé dans les dimensions que je voulais. Pour un gars qui fait de la réno c’était presqu’une insulte!

À l’aéroport, où il fallait laisser l’auto, on a vu un avion décoller juste à côté de nous et on a ensuite pris un taxi jusqu’à la station d’autobus. Rendu là, on a fait des courses, mangé de la cochonnerie dans un resto de cochonneries comme il en existe aux abords de toutes les stations d’autobus de la terre et finalement pris ledit autobus pour Parrita. 750 colones (moins de 2$) pour 40 kilomètres pour les trois! Arrivés à destination, on a terminé nos courses et pris le taxi pour revenir à la maison.

Le chemin qui mène à Playa Bandera est environ deux kilomètres à l’extérieur de Parrita. De là, en tournant vers la mer, on entame une randonnée de 5 kilomètres et demi sur un chemin de gravier exécrable. Dépassant rarement 20 kilomètres heures, la distance semble longue et n’offre absolument aucun intérêt. D’impressionnants nuages de poussières se soulèvent de la route et viennent encombrer les voies respiratoires. La route sillonne des plantations de palmiers et des champs de melons d’eau dont la vue ne parvient pas vraiment à étouffer le sentiment d’exclusion du reste du monde qui se crée en nous. Pour certains, il doit s’agir là d’une bonne chose, un peu comme l’ermite qui regagne sa cabane sur le dessus de sa montagne, mais pour nous, il s’agit plus d’une longue agonie avant d’arriver à… pas grand chose! En plus, cette fois-ci, comme on est en taxi, je ressens un vif sentiment d’enfermement volontaire, d’emprisonnement. Prochaine sortie : dans un mois…

Notre arrivée à la maison, vers 15h00, et la sieste des enfants qui s’ensuivit, nous ont offert la première vraie opportunité de décanter les choses.

Il nous manque quelque chose, c’est certain. On n’arrive cependant pas à mettre le doigt dessus. En discutant et en cherchant, on en est arrivé à s’avouer que nous ressentons tout les deux les mêmes émotions qu’entraîne une peine d’amour. Même si on se trouve un peu adolescents d’en arriver là, nous sommes obliger d’admettre que la pura vida caribéenne, la vraie, celle que nous avons maintenant dans la peau, nous manque éperdument. À première vue, la côte pacifique est assez insipide même si les ticos semblent tout aussi gentils. Il manque le oumpf, le mojo, la raison d’être, le on ne sait pas vraiment quoi, mais tout en même temps. Nous nous sentons parachutés dans un paradis pour américains friqués avec des photos des enfants et du chat sur le frigidaire et la photo familiale devant le six flags New England. On imagine la dinde au thanksgiving, les prières à outrance (un crucifix sert d’ailleurs de décoration) et la crainte exagérée des terroristes. L’américanisation de nos vacances ne nous va pas du tout. Nous sommes également tristes de ne plus faire parti de quelque chose; nous ne sommes plus partie des activités du village. Notre éloignement nous confine au statut de purs touristes. Manquerait plus qu’un McDo.

Les palmiers, qui laissent tomber noix et branches d’une hauteur mirobolante, bien qu’impressionnants, n’ont pas le charme et le cachet de la forêt tropical qui nous englobait il y a quelques jours à peine. Les vaches dans le champ devant la maison sont bien jolies et amènent une belle touche bucolique, Mais elles rivalisent mal avec les singes hurleurs, les paresseux et les Oropendolas qui occupaient notre champ de vision caribéen.

Il est encore difficile de discerner si nous sommes seulement épuisés du rythme effréné des derniers jours (les deux mois de farniente nous ont indéniablement ramollis), attristés de ne plus nous sentir appartenir à Cahuita, déçu de la maison ici ou inquiets pour la suite du voyage (qui semble s’annoncer d’avantage comme ici que comme avant) ou un mélange de tout cela et dans quelles proportions. Bref, nous sommes un peu déstabilisés, tristes et inquiets, mais voilà aussi pourquoi les voyagent sont formateurs! Soit dit en passant, ce n’est toutefois pas le Darfour, c’est juste pas notre pura vida !