Ce soir à Découverte...

Jour 20 – 2 Février

Découverte (Prenez ici la voix de Charles Tisseyre – cœurs sensibles s’abstenir !)
Ce soir, à Découverte, une créature ex-tra-ordinaire; l’in-cro-ya-ble Biloutte centraméricaine. Aussi, un voyage à la ma-jes-tueu-se chute de BriBri aux confins d’un fan-tas-ti-que pays tropical : le Costa Rica.

Tout d’abord, une créature défiant les lois de l’évolution, une merveille de la nature, la biloutte centaméricaine. Les scientifiques sont nombreux à se pencher sur ce splendide spécimen, mais sa récente découverte gène les progrès des plus minutieux observateurs. Découverte il y a huit mois, le premier sujet d’observation est fascinant. Baptisée affectueusement Romane ou Mamane pour les intimes, elle vit au milieu d’une tribu grégaire se déplaçant visiblement sans retenue. Les chercheurs pensent que ces déplacements modulent les instincts de la biloutte. Essentiellement lactivore, comme tous les mammifères, elle a depuis peu changé son alimentation de façon drastique. En plus de manger maintenant les mêmes choses que les membres de sa tribu première, elle agrémente le tout de nombreuse feuilles, vertes et séchées, qu’elle ne semble pas différencier. Probablement pour pallier les carences que son petit cerveau détecte, elle mange aussi une quantité phénoménale de sable. Voilà qui est exceptionnel! En plus, son instinct de petite bête savante la pousse à se régaler de lézards trouvés ici et là. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que les membres de sa garde rapprochée en semblent, eux, dégoûtés. Mais elle, au contraire, en arrache la queue et retire délicatement la peau pour savourer chaque instant de cet indescriptible moment de bonheur. Autre fait renversant, elle ne consomme pas l’élément essentiel de survie de ses pairs, un liquide naturellement gazéifié à base de céréale, la Imperial. Malgré tout, Romane semble se développer normalement, mais les scientifiques sont inquiets des faibles capacités cérébrales de cette étrange créature. Néanmoins, cette merveille d’adaptation, par ses prouesses gastronomiques, représente une inspiration pour la race humaine. Notre équipe s’engage à vous tenir au courant des prochaines percées des scientifiques concernant cette fantastique découverte : la biloutte centraméricaine.
(Deuxième partie de l’émission)
Nous vous emmenons aussi, ce soir, dans un lieu fabuleux foulé seulement par les privilégiés de ce monde, une chute d’eau en plein cœur du pays des indigènes bribris, au Costa Rica. Une de nos équipes s’est rendue sur les lieux et c’est avec un plaisir trop ressenti dans ma narration, comme d’habitude, que je leur cède la parole.

Ce matin, Daniel et Dominique sont venus nous chercher vers dix heures et nous sommes partis pour Bribri qui est le chef lieu du Talamanca. C’est à une trentaine de kilomètres de Cahuita, vers le sud, tout juste sur la frontière avec le Panama (comme dans la chanson, vas-y mon Phil : Pahhh-nama ah ah). On s’est arrêté faire des courses avant de repartir vers les montagnes et entrer dans les terres des indigènes bribris. La route s’est lentement rapetissée pour devenir une sorte de sentier pour automobiles, longeant des précipices à 90 degrés d’un côté et la jungle de l’autre. Puis, la route arrive à un T. Sauf que, à gauche comme à droite, coule une rivière : C’est ça le T! Il faut donc rouler dans le lit de la rivière sur environ 100 mètres pour en ressortir dans une piste drôlement cabossée. Puis, se succèdent les ravins, les régimes de bananes et d’autres rivières à traverser. Après environ 15 minutes, Daniel a arrêté la voiture dans un petit renflement prévu à cet effet puis on est parti dans un sentier digne des films qui se passent dans la jungle. Heureusement, c’est ici qu’a été tourné le film le papillon bleu avec Pascale Bussière et un beau bonhomme de 45 ans dont j’oublie le nom, et l’équipe de tournage a laissé des blocs de ciments en forme d’escalier, ce qui facilite drôlement les choses. On parle quand même d’une randonnée pour amateurs avertis : montées abruptes, descentes vraiment casse-gueule, champ de bouette, rivières à traverser, lianes, racines, the whole catastrophee. Les enfants, Jules et Marine, ont fait ça comme des champions. Colin, sur les épaules de Charles et Romane sur le dos de Marie-Claude ont pris leur trou constatant l’étendue des difficultés auxquelles ils échappaient. Après vingt minutes de ce manège, nous sommes arrivés à une chute incroyable qui doit faire environ six étages de maison de haut. Proprement hallucinant. À couper le souffle. On s’est baigné dans l’eau cristalline et assez froide, on s’est décapé sous la chute (un massage digne de ce nom !) et on est reparti, refaire le trajet de brousse. C’était le genre de randonnée dont on rêvait, mais que nous ne pensions pas pouvoir faire. D’abord, il est difficile de se lier d’amitié avec des locaux, assez pour qu’ils vous traînent dans l’arrière pays, dans leurs cachettes, leurs spots, mais aussi parce que quatre enfants de six ans à 8 mois suffisent pour refroidir les ardeurs des gens qui voudraient vous inviter à souper, imaginez faire une randonnée dans la bouette au milieu de la jungle. Nous nous estimons donc privilégiés d’avoir pu vivre cette expérience indescriptible et en remercions chaleureusement Daniel et Dominique. En plus, ils nous ont invités à diner chez-eux et à visiter leur maison, de l’autre côté de Cahuita. Un très bel endroit, bien aménagé dans lequel toute la place est laissée à la nature et aux animaux. Très réussi. On n’a même pas vu de tarentule ou de fer-de-lance, dommage, ça aurait varié le menu de Romane la Biloutte!