La biloutte marche !

Jour 108 – 1^er mai

Décidément, les jours se suivent et se ressemblent. Pluie, grisaille, incertitude. On en est quitte pour se prélasser doucement dans nos petites habitudes matinales. Comme c’est aujourd’hui la fête des travailleurs au Costa Rica, Roman, le jardinier, n’est pas au poste ce matin ce qui nous a amené à aller nourrir les chiens, ce qu’il fait d’habitude, avant le déjeuner. Eux qui se ramènent d’ordinaire ventre à terre en sentant approcher l’heure de leur pitance, brillaient par leur absence. Bagheera et Gypsie étaient à l’affût en dessous d’un arbre à pipa dans le fond de la cours. Charles a bien essayé de voir ce qui les retenait là, mais rien ne paraissait et le mystère est resté entier. En rentrant à la maison et en passant sous le carambolier, Charles en a profité pour cueillir une dizaine de caramboles qui étaient parfaitement mures et en a fait un jus délicieux!

En début d’après-midi, Yvon est venu nous rendre visite pour nous amener des pommes d’eau qui poussent derrière chez eux. En jasant et en passant d’une chose à l’autre, Yvon a mentionné la date : le premier mai. C’est alors que le spectre des dix derniers jours de voyage nous est apparu, au détour d’aujourd’hui! On a débouché une Imperial et on s’est dit que ça passerait.

Effectivement, comme pour nous aider à apprivoiser demain, on a eu droit à un coucher de soleil. Pas comme sur le pacifique, bien sûr, mais le ciel s’est quand même fendu de rose et d’une belle lumière pâle qui a incendié la forêt devant chez nous; même les glaçons dans le gin tonique ont pris une teinte chaude de rose-oranger! C’était un beau moment et Romane en a profité pour marcher. Depuis quelques jours déjà, on voyait qu’elle avait un intérêt : elle y allait de trois ou quatre pas, mais sans plus. Dans toute la belle lumière du soleil qui tombe, elle nous a enfilé 23 beaux pas devant ses frères et sœur qui comptaient à voie haute pour l’encourager. Quand elle a fini par retomber sur ses fesses, elle a relevé la tête avec un sourire duquel on a retenu un certain avertissement pour ce qui s’en venait, un genre de « watché vous ben! »